Heiva i Tahiti
L'an dernier, je ne vous ai que très peu parlé du Heiva, mais là.. je ne peux faire autrement que de partager ces momens forts..
D'abord, kezako le Heiva ? Pour celles et ceux qui ne suivent pas ;)
Il s'agit d'une célébration culturelle qui met à l'honneur la culture maohi*. Tous les ans au mois de juillet, ce grand événement réunit les meilleurs de la danse, des chants et des sports traditionnels.
J'ai lu quelque part : "Le Heiva est un moment fort, inoubliable et privilégié pour les acteurs et les spectateurs".. Autant vous dire que ce ne sont pas des paroles en l'air !!
Commençons d'abord par les sports traditionnels :
Les courses de pirogues (va'a)
"C’est l’épreuve reine du Heiva. A bord de leurs va’a les équipages doivent démontrer leurs capacités de vitesse et d’endurance. La course qui se déroule sur le lagon ou en haute mer, connaît un très vif succès par le nombre des équipages engagés comme par la foule qui y assiste. Les courses en lagon sont des épreuves de vitesse sur une distance de 3 500 mètres. Elles sont ouvertes à plusieurs types de pirogues de un, trois, six ou seize rameurs chez les hommes comme chez les femmes et en junior comme en senior. En revanche les courses en haute mer sont de véritables marathons. Sur la plus longue qui fait 84 km, des changements d’équipage sont autorisés, toujours spectaculaires car effectués en pleine vitesse."
La course de porteurs de fruits
"Il s’agit de deux courses de 2 km environ, l’une avec une charge de 30 kg, l’autre avec une charge de 50 kg de fruits. La charge est répartie en deux masses fixées aux deux extrémités d’un bâton à porter pour assurer l’équilibre".
Le lever de pierre
"Une épreuve de force qui vient de l’archipel des Australes qui consiste à soulever une pierre lisse de 110 à 144 kg. Une discipline des plus suivies. Le jury, pour désigner le vainqueur, se base sur la rapidité du lever, du rapport entre le poids du leveur de pierre et de la pierre elle-même et de la présentation du candidat."
Le lancer de Javelot
"Cette discipline ancestrale nous vient dans sa forme actuelle de l’archipel des Tuamotu. Le but est d’atteindre avec les javelots une noix de coco perchée au sommet d’un mât à 7,50 m du sol. Les compétiteurs sont alignés à 22 m du mât et disposent de 7 minutes pour lancer une dizaine de javelots."
La préparation du coprah*
"Directement issu de la vie quotidienne dans les îles, le concours de préparation du coprah consiste en un minimum de temps, à fendre, ouvrir et extraire la pulpe de 100 noix de coco. L’opération se déroule par équipe de trois candidats : le premier coupe les noix de coco à la hache, le second les décortique avec une lame et le troisième remplit les sacs en toile de jute".
Il y a quelques semaines, un copain de mon amoureux nous a annoncé qu'il participait cette année au Heiva en dansant dans la troupe Tamariki Poerani de Makau Foster, catégorie Heiva nui (comprenez "avec les pros" !).. On s'est donc dit que ça serait drolement chouette d'aller le voir. Et bien c'est chose faite ! Le hic.. interdiction de faire des photos.... heureusement que l'événement est largement suivi par la presse locale [merci pour les clichés] !
La soirée se déroule en quatre temps : d'abord une première troupe de danse qui concourt dans la catégorie Heiva tout court [comprenez amateurs], puis deux groupes de chants polyphoniques et enfin, la troupe qui joue dans la cour des grands. Pour ma part, l'excitation est montée crescendo :
- Jolis costumes pour la première troupe qui dansait sur le thème de la préservation des orangeraies du Tamanu, mais pas vraiment de surprise quant au niveau de danse (j'ai appris aujourd'hui que la troupe avait été montée en début d'année.. donc finalement, bravo à eux!)
- En ce qui concerne les chants polyphoniques.. personnellement, j'adore ! Une quarantaine de personnes assises par terre, qui chantent en se balançant avec l'index sur la joue, ça produit des sons qui me vont droit aux tripes. Malheureusement, je n'ai pas d'images.. peut-être une petite vidéo secrète que j'essaierai de mettre en ligne plus tard.. Malheureusement au deuxième groupe, déjà 2 heures s'étaient écoulées et ma vessie criait à la noyade.. donc j'en ai raté pas mal.
- Et pour finir.. la cerise sur le gateau ! Bon, je vous remets un peu dans le contexte. Mes expériences de spectacles de Ori Tahiti* se résument à quelques dîners dans les hôtels et une soirée merveilleuse où le spectacle était plus contemporain. Déjà là.. j'étais fan !
Comment vous expliquer la façon dont mes poils se sont hérissés, dont mon ventre a vibré (il y en a d'ailleurs une qui en a dansé le tamure) .. et dont ma gorge s'est nouée ! Le même état que le soir de mon premier ballet à Bastille quand la salle s'est tue et que l'orchestre a lancé ses premières notes..
Imaginez 140 danseurs tous parfaitement synchronisés sur les sons des Toere*, des costumes simples mais merveilleusement beaux, un thème sur le Mono'i avec quelques mises en scènes rigolotes.. bref, je préfère vous laisser imaginer en regardant les images...
Juste pour rire : devinez où est le copain popa'a* ?? ;)) En attendant de bronzer encore, il s'est donné à fond et c'était beau à voir !
Lexique
Maohi : polynésien
Coprah : amende de coco prête pour l'extraction d'une huile
Toere : instrument de musique à percussion
Ori Tahiti : danse tahitienne
Popa'a : français